ICA SAEZ : « Apprendre à regarder autrement »

  La Rédaction : Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique ?

Ica Saez :  Je peins et je dessine depuis que je suis toute petite car je viens d’un milieu où il y avait beaucoup d’artisans d’arts. Ma mère était une couturière lyonnaise avec sept ouvrières. J’ai commencé l’art par le dessin de mode. Je suis née à Lyon, je suis allée au Petit Collège de Lyon qui forme les maquettistes pour les soyeux. C’est là que j’ai commencé vraiment à travailler la peinture et le dessin. Ensuite, j’ai fait une école de styliste modéliste et les Beaux arts de Lyon. Je me suis mise à la peinture tout naturellement et ça fait vraiment vingt ans que je peins sérieusement.

La Rédaction : Comment définiriez-vous votre univers artistique ?

Ica Saez :  D’abord, je dirais que mon univers artistique est un univers qui a évolué. Il évolue de plus en plus vers l’abstrait et la matière. De tout temps, j’ai aimé travailler la couleur et les associations de couleurs. Cela vient du fait que j’ai beaucoup travaillé le tissu. Pour moi, l’art doit être quelque chose de relativement gai. Je n’ai jamais essayé de passer des messages dans mon travail, si ce n’est que lorsque les personnes restent quelques secondes devant une peinture et qu’ils éprouvent un petit peu de plaisir : je me dis que j’ai gagné !

 La Rédaction : Qu’aimez-vous peindre ?

Ica Saez :  J’ai peint un peu de tout, c’est par période, selon mes envies. Maintenant, je me concentre plus sur les peintures et portraits de femmes ainsi que sur la peinture abstraite qui ne représente rien et tout à la fois.

La Rédaction : Vous avez beaucoup voyagé en Espagne, aux États-Unis, en Norvège, en France, y a-t-il un endroit qui vous a inspiré plus qu’un autre pour peindre ?

Ica Saez :  J’ai énormément apprécié le fait d’avoir un atelier sur l’île de Lanzarote (île d'Espagne située dans l'océan Atlantique, faisant partie des îles Canaries). Pendant cinq ans, j’ai peint là-bas, au moins trois mois par an. J’ai fait beaucoup de toiles. Cet endroit me plaisait car c’est une île volcanique qui a été complètement détruite par un tremblement de terre en 1776. Il y a une force dans cette île, les habitants ont un très fort caractère. Par exemple, en France, si vous mettez une plante dans un pot vous allez la jeter dès qu’il ne lui reste que quelques feuilles. Là-bas, ils vont en prendre soin beaucoup plus longtemps car la vie est là. Dans mes toiles abstraites, c’est cette force là que je mets !

 La Rédaction : À part ces différents lieux, qu’est-ce qui vous inspire ?

Ica Saez : Ce qui m’inspire avant tout c’est la chaleur ! C’est pour cela que je suis venue dans le sud de la France : il fait beau et j’y suis très bien, surtout à Tourrettes-sur-Loup !

 La Rédaction : Où vos œuvres sont-elles exposées ?

Ica Saez :  J’ai des œuvres à Barcelone, à Cadaqués, à Dubaï, à Londres dans un magasin de décoration, à Dublin. J’en ai également vendues aux États-Unis, au Japon et en Australie. Je suis exposée en permanence à Lyon et dans mon atelier de Tourrettes-sur-Loup.

La Rédaction : Avez-vous d’autres projets d’expositions ?

Ica Saez : Pour cette année, j’ai le salon Regain à Lyon (en octobre). Je ferais partie de l’association Ambre International qui met en relation les entreprises et les artistes. Je vais exposer des œuvres en permanence au lycée Escoffier afin de mettre en relation l’art culinaire et l’art pictural. J’ai surtout un très gros projet avec une amie française vivant à Londres : à partir de février, nous allons organiser des stages de peintures auxquels nous allons inclure des visites de musées et des villes de la région, des dégustations dans des restaurants gastronomiques, des soirées avec des dames qui font de la relaxation, des massages, de la respiration. Car pour savoir peindre, il faut savoir respirer ! Nous faisons cela dans un premier temps au départ de l’Angleterre pour faire venir des Anglaises : par groupe de quatre femmes sur une semaine.

La Rédaction : Comment se déroulent les cours que vous donnez déjà au sein de votre atelier ?

Ica Saez  : Ils se déroulent très bien ! J’ai eu des personnes âgées, des plus jeunes. Je crois que mon plus beau compliment a été, lorsqu’un monsieur de 85 ans m’a dit, l’année dernière, que je lui avais appris à regarder autrement ! C’est exactement cela que je veux que les gens fassent : qu’ils apprennent à regarder autrement ! Mes cours sont accessibles à tout le monde et là, justement, je mets sur pied un cours de peinture pour un enfant à déficience visuelle. Je vais travailler avec lui sur les ondes car chaque couleur en possède une, sur des associations de formes et de couleurs, de saveurs et de couleurs. C’est un gros challenge pour moi ! J’aime peindre mais j’aime surtout enseigner ! C’est intéressant car il faut s’adapter au passé et à la culture de chaque personne car chaque être appréhende l’art différemment. Il faut donc ouvrir leur perception car l’humain est très fainéant à la base et n’aime que ce qu’il connait ! J’essaye de leur faire connaître autre chose pour qu’il aime de nouvelles choses, sans jamais imposer !

Propos recueillis par Laura Caprini

Atelier Galerie Éponyme – 1 route de Saint-Jean à Tourrettes-sur-Loup – 04 93 58 10 62 – 06 86 72 44 72 – www.icasaezatelier.com ou www.icasaez.free.fr/

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