Rencontre avec ALEXANDRE DE LA SALLE : Le fédérateur de l’École de Nice

Rencontre avec ALEXANDRE DE LA SALLE : Le fédérateur de l’École de Nice

« L’École de Nice ? C’est pour moi le big-bang de l’Art Moderne. » Cartier (1997)Alexandre de la Salle a réuni pour la première fois l’École de Nice dans une exposition en 1967, place Godeau à Vence. Par la suite, il a organisé tous les dix ans une exposition afin de célébrer ce mouvement et au fil des années, une sorte d’effervescence et de fidélité s’est créée autour de lui et des artistes de l’École. Du 8 juin au 18 décembre 2010, une exposition intitulée « 1960-2010, cinquante ans de l’École de Nice » aura lieu au musée Rétif de Vence. Une exposition afin de faire le point mais aussi « d’en finir » avec cette l’École …

La Rédaction : Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel dans le monde de l’art ?
  Alexandre de la Salle :  Je suis né d’une mère peintre et d’un père marchand d’art qui a été entre autres le marchand de Soutine. Comme Obélix, je suis tombé dans la potion magique très tôt ! Lorsque j’étais petit, mes parents m’amenaient au Louvre tous les dimanches matin, voir les expositions. Au décès de mon père, j’ai hérité de quelques uns de ses tableaux et j’ai ouvert ma propre galerie (1960) à Vence, sur la place Godeau où j’ai attendu Godot pendant des années ! 

La Rédaction : Comment s’est déroulée votre rencontre avec l’École de Nice ?
  Alexandre de la Salle :  J’ai fait la connaissance et l’amitié d’un grand personnage, Robert Malaval, un maître artiste de l’École de Nice. À l’époque, les oeuvres que j’exposais, suivaient l’esprit de l’École de Paris et il m’a dit : « Alexandre, il faut que tu travailles avec des gens de ton âge ! ». Robert Malaval faisait des travaux assez impressionnants, notamment : « l’Aliment Blanc », une matière envahissante dont il recouvrait les fauteuils, les lits, etc. Lorsque j’ai visité son atelier à Vence, j’ai été enthousiasmé, conquis et je suis devenu un fervent partisan de ce mouvement. En 1967, j’ai donc organisé la première exposition dédiée à ce mouvement : « École de Nice ? ». Lors du cocktail, il y avait un monde fou ! Nous avions acheté des aquariums où régnaient des liquides de toutes les couleurs, notamment du bleu Klein. Les gens buvaient, avaient du bleu partout autour de la bouche et ont uriné bleu des jours durant ! 

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La Rédaction : Comment définiriez-vous l’École de Nice ?
  Alexandre de la Salle :  C’est un mouvement régional. Ils sont de la mer, du midi, des collines qui dégringolent jusqu’à la Méditerranée. Ce n’est pas une école au sens propre car chacun est resté immuablement figé en lui-même ! Leur fil conducteur, c’est cette appartenance à un ensemble de gens qui ne font pas école mais qui se fréquentent et qui ont, quand même, pas mal de choses en commun : l’abandon de la toile pour presque tous, l’accumulation des petits objets dont on se sert pour faire autre chose, une parenté avec le nouveau réalisme ainsi qu’une effervescence de paroles et d’écrits. 

La Rédaction : Par la suite, vous avez réalisé des expositions sur l’École de Nice, tous les dix ans, pourquoi ?
  Alexandre de la Salle :  J’avais pris goût à cet ensemble d’artistes. Je trouvais qu’ils posaient des questions nouvelles et qu’ils y répondaient de manière très personnelle. Ensuite, je pensais que le faire tous les dix ans, amènerait forcément le mouvement à se diversifier. En 1974, j’ai installé ma galerie à Saint-Paul où j’ai organisé une quantité d’expositions. Mais en 1977, j’ai monté une seconde exposition de « l’École de Nice ! », pour ses dix ans. Toutes les expositions sur l’École de Nice, je les ai programmées avec Pierre Restany comme préfacier. À chaque fois, ce fût un immense succès avec des trombes de visiteurs. En 1987, les vingt ans de « l’École de Nice … ». En tout, j’ai ordonnancé une quarantaine d’expositions sur les membres de l’École de Nice. J’ai créé autour de moi et de l’École, une sorte d’effervescence et de fidélité. J’ai fini avec l’exposition de 1997, « l’École de Nice. » qui pour moi était la fin de l’École car il y avait un point à la fin.

La Rédaction : Alors pourquoi cette exposition au Musée Rétif de Vence ?
  Alexandre de la Salle :  Pour  faire le point en quelque sorte. Puis, c’était une opportunité : le local est gigantesque et en tant que commissaire d’exposition, je vais pouvoir la présenter comme je le veux. Les gens sont très contents lorsque je refais quelque chose, ça redonne vie, ça recommence ! L’École de Nice, c’était pour moi la créativité des gens du Midi. Il s’est passé quelque chose ici et pas ailleurs. 

La Rédaction : Comment va-telleêtre organisée ?
  Alexandre de la Salle :  Il y aura une centaine d’oeuvres d’une trentaine d’artistes accompagnées de textes, de films explicatifs. Les choses seront dites et expliquées. On ne pourra pas ne plus savoir ce qu’est « l’École de Nice ». À chaque fois que j’ai dirigé une exposition sur l’École, Arman a créé un multiple. Ses quatre sérigraphies seront exposées et comme il n’est plus là, hélas, j’ai fait réaliser un multiple par Claude Gilli, qui sera l’image de marque de cette exposition. 

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La Rédaction : À la fin de l’exposition, l’École de Nice « va être exécutée » par Pierre Pinoncelli, en quoi cela consiste-t-il ?
  Alexandre de la Salle :  Pierre Pinoncelli va procéder à une sorte d’événement qui signifiera : l’École de Nice s’est terminée ! Elle est comme elle est, elle va vivre sa vie mais, elle ne peut plus être augmentée ! L’École est déjà dans l’histoire mais cet événement va être comme un grand coup de gong ! 

Propos recueillis par Laura Caprini

ALEXANDRE DE LA SALLE :Unifying the School of Nice
Alexandre de la Salle brought the School of Nice together for the first time in 1967 for an exhibition at Place Godeau in Vence. He later organised the exhibition every ten years to celebrate the group and, over the years, excitement and a loyal following has built up around him and the artists from the school. From 8th June until 18th December 2010, an exhibition entitled "1960-2010, Fifty Years of the School of Nice" will take place at the Rétif Museum in Vence. An exhibition to review and also "to complete" the school. 

Musée Rétif - 1670 av Rhin et Danube - 04 93 58 44 20. Ouvert du mardi ou dimanche de 10h à 18h.

 
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