A l'origine

A l'origine

A l'origine de Xavier Giannoli

Après Quand j’étais chanteur, et avec encore une fois Depardieu, cette fois dans un second rôle, Xavier Gianoli, encensé par les critiques, repart explorer la France profonde. Plus exactement la France du Nord, mais dans un registre sensiblement différent de celui du film de Dany Boon, que tous les Français, ou presque, sont allés voir.

A l’origine de ce projet il y eu, paraît-il, un article du Nouvel Observateur qui décrivait un fait divers étonnant, l’histoire vraie d’un escroc qui réussit à faire construire un tronçon d’autoroute en embauchant plusieurs dizaines d’ouvriers, en louant force, bulldozers et tractopelles. L’escroc est interprété par François Cluzet, plus fuyant que jamais, formidable en arnaqueur timide et maladroit, devenu le bienfaiteur mal à l’aise d’une ville en crise. Il paraît que l’acteur et le réalisateur ne se sont guère entendus, mais on ne le soupçonnerait pas à l’écran tant Cluzet, présent dans tous les plans ou presque, excelle dans le rôle. L’escroc persuade au passage une jeune veuve (Emmanuelle Devos), maire de la ville traversée par cette autoroute de l’aider. Les seconds rôles Vincent Rottiers (futur chauffeur de Cluzet) et Soko (une jeune chanteuse par ailleurs excellente en secrétaire dévouée) sont remarquables de justesse et s’il faut reconnaître une qualité à Gianoli, c’est bien la direction d’acteurs.

A l’arrivée, le film ne convainc pas entièrement cependant. Si sa durée a été, paraît-il, réduite depuis Cannes où il avait été présenté, le film est tout de même un peu long, à moins d’être un passionné de tractopelles, le sujet étant il est vrai peu abordé dans le cinéma français d’aujourd’hui. Le film offre par ailleurs un portrait finalement un peu convenu d’un Nord, sans « biloute », mais encore une fois touché par la crise ainsi que certains passages célébrant la reprise du travail sur le chantier d’autoroute fleuretteraient presque avec le cinéma du Front populaire. Il est vrai que le cinéma français ne nous a pas accoutumé ces derniers temps avec la vision exaltée d’ouvriers suant au travail…Enfin, on lit ou entend un peu partout que le film doit se lire comme une métaphore du cinéma, et de nombreux éléments semblent pouvoir appuyer cette idée (un projet fou, un homme isolé, un décor absurde) toutefois cela semble plus cérébral que réellement présent dans le film. Et si c’était le cas le narcissisme du sujet ne serait pas forcément des plus sympathiques, surtout quand le film se veut le reflet d’une réalité sociale souvent occultée.

Un film un peu déroutant en somme. Certaines scènes y sont absolument remarquables. Lorsque François Cluzet créant de toute pièce un logo avec une paire de ciseaux et de la colle, les scènes avec Emmanuelle Devos…Et pourtant on sort du cinéma avec le vague sentiment de s’être laissé piéger. Mais compte tenu du sujet n’est-ce pas un peu normal ?

BORIS FICHOU

 
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