Green zone

Green zone

Green zone de Paul Greengrass

George Bush ne jouit pas, dans notre pays, d’une réputation excessivement positive et il n’est guère envisageable que sa popularité détrône un jour celle de Kennedy ou Clinton. Pourtant on lui doit, bien malgré lui, certainement deux choses positives : la victoire d’Obama en 2008 et la renaissance du cinéma politique. Depuis la guerre avec l’Irak, Hollywood, avec la réactivité qui la caractérise, s’est emparé de la question moyen-orientale et les films passionnants s’enchaînent depuis près de 10 ans : on a ainsi vu Syriana, Redacted ou dans la vallée d’Ellah. Si le film politique n’est pas une spécialité américaine (l’Italie a eu Francesco Rosi ou la France, Yves Boisset), Hollywood nous semble remarquable non seulement pour sa rapidité -on ne se moque pas mais, la France commence à montrer la « réalité » de la guerre d’Algérie…- mais aussi pour les qualités parfois exceptionnelles de ses productions. Un soldat américain (Matt Damon qui, cette fois, dispose d’une vraie identité, retrouve le réalisateur de La Vengeance dans la peau (si vous l’avez vu, vous savez qu’il vaut mieux ne pas vous retrouver au premier rang) est à la tête d’une petite unité chargée de trouver les fameuses armes de destruction massive de Saddham Hussein. Mais il n’en trouve aucune et commence à se poser des questions. Et cela va le mettre dans une situation pour le moins inconfortable, coincé entre l’armée, la CIA, les populations civiles irakiennes…
Les officiels américains, bien protégés à l’intérieur de la célèbre Green zone de Bagdad (le quartier ultra-sécurisé), à partir d’un  grand hôtel et à côté d’une belle piscine, appliquent une politique de « libération » du peuple irakien (les dernières images du film avancent une autre hypothèse). Drame humain, séquences d’actions incroyables (dans un Bagdad reconstitué pour l’occasion à Rabat), scénario parfait, critique au vitriol de la politique américaine, services secrets opaques à la « Le Carré ». On tient là un film formidable qui confirme l’incroyable talent de mise en scène de Greengrass (le film aurait d’ailleurs pu s’intituler mensonge dans la peau), véritable auteur qui creuse encore son thème fétiche, celui de la lutte d’un homme solitaire face à de puissants réseaux.

BORIS FICHOU

 
Creation de site Web
Smileway