Interview - Saverio TOMASELLA : le sentiment d’abandon, une peur universelle

La rédaction : Quel est votre parcours professionnel ?
Saverio TOMASELLA :  Après un Baccalauréat C et une préparation HEC, j’ai fait mes études à l’Université  Paris 9 Dauphine, où je me suis spécialisé en communication. Dauphine était une université très en pointe en psychosociologie. Durant tout mon cursus, j’ai suivi des cours de psychosociologie et étudié la dynamique des groupes. Cela m’a passionné. Puis, j’ai réalisé une thèse de doctorat à l’université de Nice Sophia-Antipolis, en sciences humaines, où j’ai pu croiser psychanalyse et communication.

La rédaction : Pourquoi avoir choisi le métier de psychanalyste ?
Saverio TOMASELLA : J’ai découvert Freud à 16 ans en Terminale. J’ai eu un véritable coup de foudre pour cet auteur, son oeuvre et pour l’inconscient. Je savais que la psychanalyse jouerait un grand rôle dans ma vie. A 20 ans, j’ai commencé ma première psychanalyse. Ma passion s’est confirmée et peu à peu, j’ai décidé de devenir psychanalyste.

La rédaction : Avant « le sentiment d’abandon » avez-vous écrit d’autres livres ?
Saverio TOMASELLA :  Oui, j’ai eu la chance d’écrire plusieurs livres auparavant, notamment Oser S’aimer, un livre sur la confiance en soi.

La rédaction : Si oui, sur quels sujets ?
Saverio TOMASELLA :  L’estime de soi, la relation, les troubles psychiques, le surmoi (notre gendarme intérieur), etc.

La rédaction : A qui s’adresse « le sentiment d’abandon » ?
Saverio TOMASELLA :  Ce livre s’adresse vraiment à tout le monde, déjà parce que le thème est universel et nous concerne tous, ensuite parce que je l’ai volontairement écrit simplement avec des exemples très quotidiens pour qu’il puisse intéresser tout un chacun.

La rédaction : Pour quelles raisons avoir choisi ce sujet ?
Saverio TOMASELLA :  Le thème m’a été proposé par l’éditeur qui s’était rendu compte qu’il était très présent dans les questionnements de nos contemporains, sans livre pour y répondre. De mon côté, je rencontre cette problématique chez la plus grande part de mes patientes et de mes patients. Je disposais donc de très nombreux exemples vécus. J’ai accepté de réfléchir à cette question et d’écrire un livre pour tenter d’apporter des réponses concrètes.

La rédaction : Que signifie le fait « d’exister par soi-même » ?
Saverio TOMASELLA :  Il s’agit d’une question essentielle. Beaucoup de personnes ont l’impression soit de ne pas exister vraiment, soit de n’exister qu’à travers un rôle, un métier, une fonction  ou un personnage construit, une « fausse personnalité ». Ce n’est pas du tout évident de devenir soi-même. Cela demande beaucoup de temps, d’efforts et de persévérance. Parfois, il est nécessaire d’aller parler à quelqu’un : de soi, de son histoire et de ses aspirations, pour y voir plus clair et réussir à exister par soi-même, sans dépendre de l’avis ou de l’autorisation des autres.

La rédaction : Le sentiment d’abandon semble être une peur universelle, ressentie au moins une fois par chacun d’entre nous. Cela n’est-il pas paradoxal, que chaque personne ait peur d’être abandonnée ?
Saverio TOMASELLA :  Oui, c’est effectivement une peur universelle. Le paradoxe réside dans une croyance assez répandue : puisque nous avons de quoi manger, nous vêtir et nous loger, nous devrions ne pas avoir peur d’être démunis. Le sentiment d’abandon révèle une réalité bien plus fondamentale : nous sommes des êtres sensibles, doués d’âme et de coeur ; nos peurs les plus fortes sont enfouies en nous. Elles ne concernent pas seulement l’aspect matériel, mais bien au-delà, nos angoisses concernent notre existence, notre présence au monde, nos relations, nos désirs, nos sentiments…

La rédaction : Ce sentiment signifie-t-il que l’être humain ne peut vivre seul, qu’il se définit sans cesse par rapport aux autres ?
Saverio TOMASELLA :  Oui, l’être humain est un être de relation. Nous pouvons vivre la solitude, si cette solitude est relative et limitée. L’être humain est avant tout un être de désir, donc un être qui aspire à vivre en relation avec d’autres, qu’il choisit et avec lesquels il peut parler.

La rédaction : Avez-vous d’autres projets de livres ?
Saverio TOMASELLA :  Je suis en train de terminer un petit livre pour expliquer ce qu’est la perversion. Il sortira en juin.

La rédaction : Pouvez-vous me rappeler vos dates de séances de dédicaces, notamment à l’Espace Culturel de Vence.
Saverio TOMASELLA :  Je serai le samedi 20 mars au Cultura de Mandelieu, de 15h à18h, et le samedi 3 avril à l’Espace Culturel de Vence, de 15h à 17h.

Propos recueillis par Laura CAPRINI