Interview - Tanaquil Pétry : Une peintre de l’instant.

Interview - Tanaquil Pétry : Une peintre de l’instant.

Tanaquil Pétry vit à La Gaude depuis plusieurs années. Ses tableaux abstraits seront exposés du 7 mai au 27 juin à Vence dans l’atelier Affinity (21 place du Grand-Jardin). De ses oeuvres se dégagent une forte énergie, une liberté et la vision imaginaire d’un instant précis. Un oiseau passe et vous n’avez qu’une envie : le suivre !  

La Rédaction : Pouvez-vous nous raconter votre parcours artistique ?
Tanaquil Pétry :  Mon parcours artistique a commencé très jeune avec l’École Freinet de Vence car cette école met l’accent sur la créativité en encourageant les élèves à s’exprimer. Cela a été un bon départ dans la vie ! Ensuite, j’ai fait les Beaux-Arts pendant cinq ans : à Londres ainsi qu’une année au Canada car je suis née là-bas. Ma première année aux Beaux-Arts a été  la révélation de ma vie : j’avais trouvé ma voie ! À partir de là, je me suis autorisée la Création. 

La Rédaction : Vos deux penchants artistiques sont l’abstrait et le portrait, deux formes d’art très différentes. Pourquoi les avez-vous choisies ?
Tanaquil Pétry :  J’ai deux passions : le dessin d’après des modèles vivants et la peinture dans son côté sensuel, magnifique, prolifique, généreux. J’ai un rapport très physique avec la peinture et la couleur qui n’a pour moi absolument rien à voir avec le dessin. Les deux sont foncièrement séparés. Ceci étant dit, je serais incapable de peindre si je ne savais pas dessiner. Même si ce que je représente en peinture n’est pas figuratif. Aux Beaux-Arts, je dessinais toute la journée et je faisais les portraits de mes amis, de mon entourage. Mes portraits plaisaient toujours, je me suis donc dit que je pouvais aussi gagner ma vie en faisant des portraits. Dans la peinture, je n’ai pris que ce qu’il m’attirait sans me soucier de la représentation du monde. Peindre, c’est comme danser, c’est du bonheur, c’est ma liberté ! C’est un acte gratuit et là réside tout son intérêt… 

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La Rédaction : Racontez-vous une histoire dans vos oeuvresabstraites ?
Tanaquil Pétry :  Je ne raconte rien, ce sont mes peintures qui racontent. Quand je peins, je suis à l’écoute, en alerte. Je vis ma peinture, je la respire, elle représente mes pulsions. C’est sans doute la raison pour laquelle je ne reproduirai jamais deux fois la même chose car tout est en mouvement en moi et partout. Je suis incapable de rester dans un système de peinture et de représentation. Pour moi, c’est une sclérose, c’est mortifère ! Je fais d’ailleurs en sorte que dans la vie, les gens ne puissent pas me mettre dans une case car les cases m’angoissent. Tout ce que je peux contrôler ne m’intéresse pas. Lorsque je peins, je fais parler mon inconscient, que je ne maîtrise pas. J’ai une approche sans doute psychanalytique de la peinture. En réalité, je peins l’énergie et l’instant. Dès que du figuratif apparaît, je le laisse monter si cela représente quelque chose de mon inconscient. Par exemple, j’aime plus que tout la liberté, la légèreté extrême de l’instant et je les retrouve dans l’oiseau, le monde aquatique, la musique classique. Ainsi, j’autorise le mouvement de l’oiseau, la partition musicale ou l’algue qui bouge à apparaître dans mon travail.

La Rédaction : Comment votre prochaine exposition va-t-elle être organisée ?
  Tanaquil Pétry :  L’exposition s’intitule "Tanaquil en couleurs". Le titre est un clin d’oeil à mon long passé en noir et blanc. Elle se déroulera à la fois dans un local de la place du Grand-Jardin et dans un autre de la rue principale. Je n’ai pas encore choisi toutes mes toiles mais cela se fera sûrement au dernier moment, dans l’instant. L’exposition ne sera pas chronologique mais juste visuelle. Elle débutera le 7 mai. Une fois que mes toiles sont montées sur châssis cela me fait tout drôle ! C’est comme si je me regardais moi-même dans un miroir, plus que nue. C’est un peu impudique mais, il faut passer par là pour montrer mon travail et vendre ! Mais cela me met mal à l’aise. Je ne connais pas un artiste qui aime ses propres vernissages…

La Rédaction : Votre famille vit à La Gaude depuis plusieurs générations, vous vous y êtes réinstallée, il y a cinq ans. Cette ville, cette région, représententelles quelque chose pour vous ?
  Tanaquil Pétry :  C’est vrai que lorsque je suis revenue ici il y a cinq ans, j’ai pu me remettre à la couleur. J’ai vécu longtemps à Londres et à Nantes où j’étais incapable de faire de la couleur. Quand je suis arrivée ici, je me suis dit : le noir et blanc, c’est vraiment terminé ! Je pense que c’est la lumière, la nature, mon jardin qui m’ont permis de retourner à la couleur. Avant, j’étais dans une sorte d’ascèse, je trouvais que la couleur c’était donné, que c’était trop facile et cela ne correspondait pas à la rigueur du dessin ou que c’était même vulgaire. Entre temps, j’ai eu des enfants, la vie est rentrée en moi. J’attendais peut-être cela inconsciemment pour me permettre de jouir de la couleur et surtout de la comprendre. Je vois cela comme une marque de respect pour la couleur, souvent utilisée de façon futile. Mon utilisation de la couleur est l’aboutissement d’un long processus. Je suis ravie de la vivre ainsi de l’intérieur. C’est très enrichissant au quotidien. Aujourd’hui, je pourrais donc associer cette région à la couleur !

Propos recueillis par Laura CAPRINI

Tanaquil Petry :a painter of the moment.
Tanaquil Petry lives, since a number of years, in La Gaud. His abstract paintings will be exhibited in Vence at the Affinity workshop (21 place du Gr Jardin) from May 07 till June 27. His works illustrate a vivid energy, independence and the imaginary vision of a precise moment. A bird passes and you long to follow it.

Vous pouvez également joindre l’artiste : 04 93 58 30 41 06 23 06 16 55 - tanaquilpetry@orange.fr 

 
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