Etreintes brisées

Etreintes brisées est à la fois un grand film et un film tout à fait accessible pour ceux que rebute l’image parfois caricaturée du réalisateur espagnol. L’histoire est rendue simple par la mise en scène d’Almodovar.

Un scénariste aveugle recueille une jeune femme qui l’a aidé à traverser la rue. Lisant le journal à son intention, elle lui apprend la mort d’un homme d’affaire. Quelques minutes plus tard ils font l’amour. Rentre ensuite dans l’appartement, une femme plus âgée dont on se demande si c’est la femme de ménage, puis un jeune homme. Une série de flash-back vont permettre de comprendre tout ce qui avait intrigué le spectateur dans cette magnifique première scène : pourquoi cette tristesse chez cet homme ? Qui sont cette femme entre deux âges et ce jeune homme ? Comment cet homme est-il devenu aveugle ? Et surtout qui est cette femme dont la photo est placée dans un tiroir ? 

Cette femme, c’est Penelope Cruz. Personnage principal du film avec le scénariste (mais en fait ancien réalisateur) aveugle, elle est encore une fois remarquable. Tout à la fois (ou successivement) secrétaire sexy, fille attentionnée, call girl de luxe, épouse infidèle, actrice épouvantable, amante éperdue, femme battue et excellente actrice, elle trouve ici sans doute le rôle de sa vie. Perpétuellement changeante, que ce soit par son jeu, ses tenues (on se croirait pour un peu dans In The Mood for Love) et par les références qu’elle incarne (un zeste d’Audrey Hepburn, un autre d’Ingrid Bergman…) Penelope Cruz aurait largement mérité un prix à Cannes.
Autoportrait d’un réalisateur amoureux du cinéma mais blessé par la vie, Etreinte brisée est un film bouleversant et brillant.

Boris Fichou