Shutter Island

Shutter Island

Shutter Island de Martin Scorsese

Après les Infiltrés, Martin Scorsese, d’habitude plus habitué à New York, voire à Las Vegas, retrouve Boston. Enfin plus exactement, une île au large de Boston, dans laquelle Leonardo DiCaprio doit mener avec un collègue, un peu balourd, une enquête à la fois classique (une femme s’est échappée d’une pièce fermée de l’intérieur, on est là dans un thème classique du roman policier) et peu banale ( tout ceci se passe dans une espèce de prison haute sécurité pour criminels malades mentaux ).
Le scénario est de Dennis Lehanne, qui l’a adapté de son roman paru en 2003 en France. Les amateurs éclairés de romans policiers se le sont ensuite repassés de main en main. On y retrouve les qualités de Lehanne : sens du décor, personnages très « vrais » et surtout une intrigue très très forte. Mais en disant cela, on en dit déjà trop tant le livre et ici le film qui l’adapte de manière brillante, nous conduit de surprise en surprise. Le romancier a d’ailleurs bien de la chance avec ses adaptations : Eastwood avait fait de son roman Mystic River un véritable chef d’oeuvre. Guère plus gai cependant que cette enquête sur Shutter Island…
Le début du film est extraordinaire : nous sommes dans un bateau. Ce n’est pas encore la tempête mais elle se rapproche. Au loin, la silhouette menaçante d’une île, une musique terrifiante, on se croirait dans Shining, de plus Scorsese multiplie lui aussi, les lents travellings. On a l’impression d’aller dans un hôtel vide, en haute montagne…Si l’on a vu Shining on se rappelle que cela n’est guère de bon augure, un policier livide qui vomit dans les toilettes.
Une fois débarqué, l’ambiance est tendue entre les policiers et l’équipe des dirigeants de Shutter Island, psychiatres, policiers, médecins…L’enquête s’amorce complexe. Elle ne tarde pas à faire revenir à la surface les événements tragiques de la vie de DiCaprio.
Des visions d’horreurs, de terribles cauchemars…Si ce n’était le caractère antipathique du psychiatre en chef (Ben Kingsley) on se surprendrait même à souhaiter qu’il se penche sur  le cas de DiCaprio. 
Avec ce film, au moins trois confirmations, si l’on ne craignait pas d’enfoncer porte ouverte sur porte ouverte. DiCaprio est bien un acteur extraordinaire, ceci pour ceux qui en seraient restés aux allergies déclenchées par les paquebots fragiles à destination des pôles. Scorsese est un merveilleux adaptateur de livres (Le temps de l’innocence l’avait déjà montré). Lehanne est un extraordinaire auteur de romans policiers. 

BORIS FICHOU 

 
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